Épilogue
En dépit de son énergie et de ses coups de force, Jeanne-Baptiste de Bourbon mourut sans avoir réussi à faire triompher la cause de Robert d'Arbrissel.
En 1792, les dernières religieuses fuyaient Fontevraud, qui devint prison en 1804. Au XIXe siècle, deux tentatives pour introduire la cause du fondateur devant la Sacrée Congrégation des rites tournèrent court. Le dossier de Robert est à jamais en souffrance.
Demeure l'abbaye de Fontevraud, le plus vaste ensemble monastique que nous ait légué l'Ancien Régime.
De Robert nous sont parvenues quelques mentions dans le cartulaire de l'abbaye et dans des chroniques du XIIe siècle, mais surtout deux légendes (la première due à Baudri de Bourgueil qui conte l'ensemble de son parcours, la seconde due au chapelain André qui ne relate que les dernières années de sa vie) et les deux lettres de Marbode de Rennes et de Geoffroy de Vendôme.
Saint homme ou apprenti sorcier ? Défenseur des femmes, comme l'aurait voulu Jules Michelet dans une page sublime de son Histoire de France, contestataire de l'ordre établi, ou ascète convaincu de ses fautes ayant découvert une expiation paradoxale ?
Les historiens qui s'intéressèrent au cas de Robert ne firent souvent qu'exacerber les contradictions qui traversaient déjà les sources médiévales.
Extrait de l'Histoire de France de J. Michelet (PDF 12 ko).
De Robert, nous ne connaîtrons jamais ni le visage ni le timbre de la voix, ni la manière exacte dont il excellait à susciter en autrui l'espérance ou la crainte. Tout ce que nous savons de lui réside dans quelques manuscrits médiévaux. C'est vers eux qu'il faut revenir, dans leur matérialité, leur littéralité, marqués de cicatrices qui font sens, telle la mutilation du manuscrit de Vendôme.
Souvenez-vous de la leçon d'Edgar Poe : la solution de l'énigme est à portée de main.
Illustration de la nouvelle d'Edgar Poe La lettre volée.
Le document convoité par Dupin — et donc la résolution de l'enigme — se trouvait bien en vue, au dessus de la cheminée.
À suivre : Bibliographie
