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Le sens de la lettre :
les reproches de Geoffroy à Robert
Entre 1098 et 1100, Marbode, évêque de Rennes,
avait adressé à Robert d'Arbrissel une longue lettre où
il lui reprochait avec véhémence ses manquements à
la prudence, ses attaques contre l'ordre social et moral, tout particulièrement
du fait de la présence conjointe d'hommes et de femmes dans la
troupe de ses disciples itinérants.
Sans doute la fondation de Fontevraud, en 1101, fut-elle
en partie conséquence de cette mise en garde. Vers 1106-1107, c'est
Geoffroy, abbé de la Trinité de Vendôme, qui adresse
à son tour des critiques à Robert. Le ton de la lettre est
courtois, voire déférent, surtout comparé aux violentes
diatribes dont Geoffroy est coutumier.
L'abbé de Vendôme rappelle Robert à
la mesure. Ce dernier, dit-on, y manquerait doublement, toujours dans
ses rapports avec les femmes qu'il a entrepris de diriger. Trop doux avec
les unes, il ne dédaigne pas de partager leur couche. Trop dur
avec les autres, il les expose à la faim, à la soif, à
la nudité. Sans remettre en cause sur le fond l'initiative de Robert,
donc l'existence même de Fontevraud, Geoffroy l'exhorte à
trouver un moyen terme entre ces deux excès.
Comme toujours chez Geoffroy, la syntaxe est simple,
le style clair, direct. Un usage raisonnable des citations scripturaires
appuie le déroulement de l'argumentation plus qu'il ne l'entrave.
Geoffroy en appelle surtout au bon sens, sur le canevas implicite, hérité
d'Aristote, selon lequel la vertu est le juste milieu entre deux défauts
opposés.
Extrait de Robert d'Arbrissel, fondateur de Fontevraud de J. Dalarun
(PDF 30 ko)
À suivre : Les acteurs
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Hommes et femmes écoutant Robert prêcher
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